le contexte

Le son du vent s’infiltre en bourrasques entre les petits immeubles d’une rue passante très fréquentée malgré l’heure tardive. Les gens s’affairent, s’agitent, à la manière de fourmis. L’odeur du tteokbokki vendu par les marchands dans leurs minuscules boutiques emplit l’air et vient chatouiller les narines des passants. On s’arrête. On jette un coup d'œil aux plats qui gargouillent dans les casseroles. On sourit. Et surtout, on se sent libre.
Les yeux glissent doucement jusqu’au ciel où les nuages s’accumulent. Les premières gouttes viennent tâcher le goudron. Les parapluies s’ouvrent à la chaîne et certains se referment en entrant dans un karaoké. Une des salles privées est pleine à craquer. Pot de départ, pot d’arrivée, simple soirée entre collègues ; peu importe vraiment. Tout peut devenir une bonne raison pour passer un peu de temps ensemble.

Les verres s’entrechoquent, le tintement se faufile jusque dans les oreilles des jeunes qui s’amusent. Les rires ricochent jusqu’au plafond. Tous sont prêts à oublier le quotidien et tout ce qui s’en suit. La musique bat son plein. Les voix se cassent sur les chansons débitées par la machine de karaoké. Les souvenirs apparaissent dans les esprits qui s’embrument.
POP ! Le bruit résonne dans la salle. Plus personne ne parle. Plus personne ne bouge. Sauf peut-être la jeune femme apparue au plafond et qui tombe dans un bruit de vaisselles cassées sur la table. La chanson se termine et le silence vient régner dans la salle, alors que la demoiselle se redresse et se masse le dos suite à sa lourde chute. Et, dans un même mouvement, tous lèvent les yeux vers le plafond intact.